
Le logo de Snapchat
par Florence Loeve
Le dirigeant de Snapchat Snap Inc, Evan Spiegel, a annoncé lundi intensifier ses activités dans la réalité augmentée en France, à l'heure où l'industrie de la tech subit la guerre commerciale ouverte par le président américain Donald Trump.
La direction de SnapChat, qui a ouvert des locaux à Paris en 2016, a inauguré de nouveaux bureaux dans la capitale en présence du président Emmanuel Macron, qui convie lundi pour la huitième année à Versailles des investisseurs du monde entier dans le cadre du sommet "Choose France".
"En 2021, Evan, à 'Choose France', prenait l'engagement d'ouvrir des bureaux à Paris et c'est maintenant chose faite", s'est félicité Emmanuel Macron, qui attend plus de 20 milliards d'euros d'investissements du 8e sommet.
Le chef de l'Etat, qui soutient activement l'industrie française de la tech depuis son premier mandat, a ensuite affirmé à Evan Spiegel en anglais qu'il était "plus que bienvenu" pour "passer davantage de temps en France".
"Nous croyons en la France", a répondu Evan Spiegel dans un français marqué par un fort accent américain. Le gouvernement lui avait accordé la nationalité française en 2018 par une procédure exceptionnelle dite de "l'étranger émérite".
Snapchat avait lancé de premières activités dans la réalité augmentée à Paris dès 2022, à Station F. Le réseau social a dit "réaffirmer son engagement envers l'écosystème technologique et créatif français" dans un communiqué.
Les nouveaux bureaux doivent renforcer ces activités, avec le lancement d'une résidence pour artistes, et accueillir les effectifs de Snap en France, multipliés par quatre depuis 2019 d'après son directeur pour la France Grégory Gazagne.
"La France s'impose naturellement comme un terreau" pour les ambitions de Snap dans la réalité augmentée, a déclaré Grégory Gazagne lors d'un discours. Le réseau social a présenté à ses invités un lancer de ballons virtuel visible depuis son application.
"La France est un des marchés les plus stratégiques pour Snap en Europe", a estimé le directeur pour la France.
"C'EST BIEN NORMAL QU'ON RENDE DES COMPTES"
Le soutien du gouvernement français à Snapchat intervient alors que le gouvernement a affirmé récemment souhaiter interdire l'accès aux réseaux sociaux pour les mineurs de moins de 15 ans.
Lors de son interview à TF1 la semaine précédente, le président Emmanuel Macron a déclaré qu'il s'agissait d'une de ses priorités. La ministre déléguée au Numérique Clara Chappaz a en outre souligné que la France souhaitait "mobiliser ses partenaires européens" à cette fin.
Interrogé sur cet objectif lors d'une interview avec Reuters, Grégory Gazagne a estimé qu'"une des approches possibles" était de vérifier l'âge des utilisateurs via les magasins d'application d'Apple et de Google, plus à même de contrôler les données personnelles d'après lui.
"Les grandes entreprises américaines suscitent parfois certains scepticismes, en particulier depuis le 20 janvier dernier [date de l'investiture de Donald Trump à la présidence américaine]", a commenté pour sa part la ministre française du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, présente à l'inauguration.
"Vous, au contraire, vous l'avez dit haut et fort, vous considérez le 'Digital Service Act' non comme une entrave commerciale, mais comme un modèle à suivre", a-t-elle ajouté en s'adressant à Evan Spiegel, auprès de qui étaient également présents la maire de Paris Anne Hidalgo, le magnat des télécommunications Xavier Niel ou encore la dirigeante de Dior Delphine Arnault.
Texte phare de la réglementation européenne du numérique, le "Digital Services Act" fait l'objet de fortes critiques de l'administration américaine.
"C'est bien normal qu'on rende des comptes", a dit Grégory Gazagne à Reuters. "Même si Meta a annoncé des changements dans ses règles de modération, nous, on reste complètement en ligne avec notre ADN qui est de promouvoir la diversité et l'inclusion", a-t-il ajouté.
"Il n'y a rien qui est lié à la politique du président Trump dans l'ouverture de ce bureau" a déclaré Grégory Gazagne, interrogé sur l'impact des évolutions politiques aux Etats-Unis sur les activités françaises, précisant que l'investissement dans les nouveaux locaux était déjà prévu depuis plusieurs années.
Le directeur pour la France de Snapchat revendique 26 millions d'utilisateurs "tous les mois" en France.
(Reportage par Florence Loève, édité par Sophie Louet)
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